Après avoir clairement défini votre public cible et ses besoins, veuillez décrire comment vous allez l'atteindre par le biais du projet.
Au lendemain de la pandémie de Covid et des séquelles qu'elle a laissées, nous avons été submergés de questions de la part d'enfants et de jeunes aux prises à des difficultés mentales. Le nombre de dépressions, de troubles alimentaires, de problèmes d'identité, etc. chez les enfants et les jeunes a considérablement augmenté, tout comme les listes d'attente chez les psychologues et dans les centres de santé mentale. Cependant, le développement des jeunes jusqu'à l'âge de 18 ans est crucial pour le reste de leur vie. Au sein du groupe d'enfants et de jeunes éprouvant des difficultés mentales, nous nous préoccupons surtout de ceux d'entre eux qui sont socialement vulnérables.
Le projet « psychologen voor jongeren » (psychologues pour jeunes) s'adresse donc à tous les enfants et jeunes en situation de vulnérabilité sociale dans leur milieu familial, qui ont besoin de soins psychologiques, qui fréquentent les écoles de Malines et pour lesquels le seuil d'accès aux soins de santé mentale existants, de première et de deuxième ligne, est trop élevé pour des raisons financières ou autres.
Quelle est votre vision de l'accès aux soins de santé à bas seuil pour le groupe cible de votre projet ?
Les enfants et les jeunes qui ont besoin de soins de santé mentale et proviennent d'un milieu familial vulnérable d'un point de vue social devraient pouvoir consulter un professionnel dans leur quartier ou dans leur école (ou à proximité), sans délai d'attente et sans être confrontés à des soucis financiers, et ce aussi longtemps que ces soins sont nécessaires. Les soins doivent viser à stimuler et à soutenir le meilleur développement psychique et social possible de chaque enfant.
Pour les élèves, leurs parents et les prestataires de soins professionnels, il ne peut être question de barrières financières et/ou administratives. La charge administrative et financière incombe entièrement au CPAS. Les psychologues et les CLB (centres d'accompagnement des élèves) peuvent se consacrer pleinement à la prise en charge des élèves.
Un parcours dure aussi longtemps que nécessaire. Le nombre de séances n'est aucunement limité.
Les professionnels qui participent à ce projet choisissent délibérément de travailler avec ce groupe cible. Ils ne reculent pas devant des situations complexes et sont prêts à accoster les enfants et les jeunes et à travailler, au besoin, là où ils se trouvent, toujours dans le but d'éliminer autant que possible les barrières avant qu'elles ne deviennent un obstacle.
La coopération entre les CLB, les psychologues et les CPAS se caractérise par une confiance mutuelle dans le rôle et le professionnalisme de chacun dans le cadre de ce projet.
Quelle est la méthodologie utilisée pour atteindre le groupe cible et dans quelle mesure est-elle préventive et/ou curative ?
Nous utilisons un canal existant et bien connu pour atteindre le groupe cible : les collaborateurs des CLB dans les écoles de Malines. Ils représentent des points d'ancrage de confiance dans les écoles. Ils offrent notamment une fonction d'accueil et de clarification de la demande. Le cas échéant, ils orientent les enfants et les jeunes qui les consultent, de manière attentive et en toute connaissance de cause, afin de trouver la réponse la plus appropriée. Pour eux, ce projet constitue une option d'orientation rapide et facilement accessible pour les enfants et les jeunes les plus vulnérables.
Les psychologues qui s'engagent dans ce projet consacrent un certain nombre d'heures par semaine spécifiquement pour ce groupe cible. De ce fait, un renvoi débouche toujours sur un démarrage rapide d'un parcours. Nous évitons ainsi que des élèves ne décrochent avant même que la première consultation n'ait eu lieu.
Cette méthode de travail est préventive. Les écoles font office de lieu où les trouver. Avec ce projet, nous rejoignons également la mission préventive du CLB en ce qui concerne le bien-être mental des élèves. En détectant rapidement les difficultés mentales et en orientant les élèves vers un psychologue à un stade précoce, nous mettons tout en œuvre pour améliorer rapidement le bien-être mental.
En agissant rapidement, nous évitons que des problèmes ne prennent des proportions ingérables.
Décrivez comment l'approche du groupe cible garantit que les nouveaux bénéficiaires potentiels pourront profiter de soins de santé à bas seuil.
Le projet se caractérise par une coopération intensive et pratique entre les CLB, le CPAS de Malines et un pool limité de six psychologues indépendants. Dans sa mission d'accueil et de clarification des questions, les collaborateurs des CLB dans les écoles détectent les besoins psychologiques des enfants et des jeunes du groupe cible et les orientent vers le projet. Ils inscrivent l'élève au CPAS pour un parcours gratuit avec le psychologue. Le CPAS met l'élève en contact avec un psychologue du pool et paie les prestations du psychologue. Les parcours commencent toujours quelques jours ou quelques semaines au plus tard après l'inscription. La rapidité de l'inscription et du 'matching' (appariement) permet d'éviter des abandons prématurés.
Par leur présence et leurs missions au sein des écoles, les collaborateurs des CLB jouent un rôle crucial pour atteindre notre groupe cible et pour motiver et encourager les élèves et/ou les parents à franchir le pas vers des services professionnels de santé mentale. Lors de la clarification de la question, nous explorons avec l'élève les obstacles qui l'empêchent de s'adresser à un psychologue. La plupart des obstacles ont été supprimés dans le cadre de ce projet. Grâce à ce projet, les nouveaux bénéficiaires peuvent consulter un psychologue sans réserve.
Quels sont les résultats obtenus ou attendus et comment sont-ils mesurés (indicateurs quantitatifs et qualitatifs) ?
Le nombre de parcours entamés est mesuré par année scolaire. Durant l'année scolaire 2021-2022, 108 enfants et jeunes ont suivi un parcours auprès d'un psychologue. Dans environ 1/3 des cas, le psychologue lui-même s'est rendu à l'école pour les séances. Nous avons vraiment travaillé de manière telle à ce que le seuil d'accès soit le plus bas possible.
Au cours de l'année scolaire 2022-2023, 97 parcours ont été lancés. Vingt-cinq parcours démarrés durant l'année scolaire 2021- 2022 se sont poursuivis jusqu'en 2022-2023.
Une enquête qualitative auprès des psychologues impliqués a eu lieu en juin 2022. Étant donné que nous, à partir de la ville, mettons les jeunes en contact avec les psychologues de manière anonyme, nous avons interrogé les psychologues concernant la satisfaction des jeunes. Le démarrage rapide du parcours, le sentiment que quelqu'un a conscience de la problématique de l'élève et la comprend, le contact étroit avec l'école ou l'accompagnant de l'élève, le sentiment d'être entendu, le fait d'apprendre à gérer des situations difficiles et des pensées dérangeantes, le fait de travailler au rythme du jeune, etc. sont des aspects que les jeunes considèrent comme importants et utiles. Dans certaines situations, l'accompagnement peut également se poursuivre à l'école, ce qui réduit considérablement les obstacles pour les jeunes. La prise en charge dans le cadre du projet permet aux jeunes de sentir qu'ils comptent, que quelqu'un se soucie d'eux et les aide.
Comment le projet s'inscrit-il dans une stratégie à long terme et qu'est-ce qui garantit que l'approche puisse être transférée à d'autres contextes et/ou échelles ?
Le bien-être psychique est essentiel pour fonctionner dans la société. Les enfants issus d'un milieu familial précaire se heurtent à de nombreux obstacles dans l'accès à des soins de santé mentale. En éliminant les obstacles, nous pouvons les orienter vers les soins nécessaires et nous les soutenons dans un développement sain. Nous renforçons ainsi leurs chances de participer à part entière à la société lorsqu'ils atteignent l'âge adulte. L'engagement en faveur du bien-être psychique est un thème ancré dans notre fonctionnement de base.
La coopération bienveillante et la confiance mutuelle dans le professionnalisme de chacun entre les CLB, les CPAS et les psychologues permettent d'obtenir de beaux résultats. Cette vision de la coopération a depuis lors été appliquée à d'autres projets également, par exemple la coopération avec les sages-femmes dans le cadre du "opkomst project" (projet émergence) ou la coopération avec des employeurs dans le cadre de "1-2 work".
Ce projet a en outre permis au réseau régional de santé mentale d'offrir, conjointement avec les CLB, dans le cadre de la convention des psychologues de l'Inami, une offre groupée de renforcement dans un grand nombre d'écoles.
De quelle manière les différences entre les sexes sont-elles prises en compte dans la méthodologie appliquée et les actions menées ?
Aucune distinction entre filles et garçons n'est faite en matière de répartition. Toutefois, la composition du pool de psychologues est diversifiée. Il est composé de 2 psychologues masculins et de 4 femmes. En fonction de la demande d'aide et des préférences de l'élève, un psychologue homme ou femme sera désigné.