1. Quelle est l’importance de votre groupe cible spécifique et expliquez la manière outreach dont il sera atteint par le projet?
Chaque jour, des femmes sont confrontées à ce qu'implique le simple fait d'être une femme. Les femmes vivant dans la (grande) précarité éprouvent en effet des difficultés financières pour acheter des protections périodiques et les utiliser dans des conditions d'hygiène correctes, notamment pour les personnes sans abri.
Parler de la menstruation et de ce qui y a trait n'est pas chose aisée pour les femmes en général et en particulier lorsqu'il s'agit d'une question financière.
Notre public cible est constitué de toutes femmes et jeunes filles menstruées, rencontrées soit par le CPAS soit par l'un de ses partenaires sur le territoire louviérois.
Pour que le projet ""Carte Jeanne"" touche son public cible, le CPAS travaille donc en étroite collaboration avec ses partenaires afin d'offrir un service de proximité et ""d'intimité"" à ces femmes et jeunes filles. Elles peuvent ainsi se procurer, régulièrement et en toute discrétion, les protections nécessaires.
2. Quelle est la méthodologie innovante utilisée pour s'attaquer au problème de la pauvreté au sein de votre public cible ? Comment le groupe cible sera-t-il impliqué ?
Le CPAS a choisi de constituer et de remettre des kits contenant des protections périodiques ainsi que des lingettes d'hygiène intimes à toute femme se faisant connaître auprès de ses services ou d'un des partenaires. Le nom du projet a été choisi en référence à Jeanne Vercheval, figure active de la défense des droits des femmes et co-fondatrice de "Solidarité femmes" (refuge pour femmes victimes de violences domestiques).
Afin de toucher un maximum de personnes, la volonté a été de s'appuyer sur le réseau associatif le plus large et le plus diversifié possible. L'objectif est que les kits soient remis aux femmes qui les demandent dans un lieu où elles ont leurs habitudes et où elles ont pu nouer un lien de confiance avec les travailleurs et/ou bénévoles présents.
Chaque femme reçoit une carte lui permettant de se rendre chaque mois auprès de l'un des partenaires de son choix. Elle s'engage à faire bon usage du kit reçu et ne pas revendre son contenu.
3. Pouvez-vous présenter les partenaires du projet et décrivez leur implication ?
Le réseau des partenaires associés au projet est large et varié. Il est constitué des banques alimentaires, de la maison Croix Rouge La Louvière-Le Roeulx, des centres de planning familiaux, Picardie laïque (au travers de ses abris de jour et de nuit pour les personnes sans abri), Solidarité femmes ou encore le Centre Régional d'Action InterCulturelle et l'asbl Bruz'Elles. Cette dernière a initié une démarche similaire d'abord sur Bruxelles en récoltant et en redistribuant des protections périodiques aux femmes précarisées. De plus, les services du CPAS complètent la liste des partenaires: le Relais santé (accroche en santé des personnes sans abri ou en situation de grande précarité), Epilouve (épicerie sociale) ainsi que le service social de première ligne.
Chaque partenaire reçoit une charte décrivant les modalités de collaboration ainsi que tout le matériel utile (kits individuels, flyers, affiches et cartes). Il est ensuite libre de remettre une carte et des kits aux femmes fréquentant ses locaux qu'il aura identifié comme faisant partie du groupe cible.
4. Décrivez l'effet de levier ou les effets de levier que ce projet peut avoir. Quels sont les avantages créés par le projet au-delà de la conception initiale ?
Depuis la création du projet au sein du CPAS de La Louvière, nous avons constaté que tous les partenaires potentiels sollicités ont répondu favorablement. De plus, nous avons été contactés par d'autres CPAS désireux de dupliquer le projet au sein de leurs propres institution et réseau.
Nos partenaires nous indiquent régulièrement de nouveaux lieux de dépôts potentiels afin de toucher un plus grand nombre d'utilisatrices.
Cela a permis de lever des tabous liés au sujet même du projet qui touche à l'intimité des femmes. Les protections menstruelles font partie des biens de première nécessité et constituent un coût non négligeable pour les femmes vivant dans la précarité. Le simple fait d'en parler que ce soit avec les partenaires ou les utilisatrices (pour des raisons financières, culturelle, de genre) s'avère parfois encore compliqué.
5. Quels résultats ont été obtenus par ce projet et comment ont-ils été mesurés ?
Initié en mars 2021 à l'occasion de la Journée pour les droits des femmes, le projet a déjà permis d'écouler 1.000 kits auprès des différents partenaires. Cela démontre à quel point le besoin est réel.
Une première évaluation avec les partenaires a été réalisée: les retours sont positifs, tant ceux des partenaires que ceux des utilisatrices. En témoigne une demande croissante de kits de la part des partenaires actifs dans le secteur de l'aide alimentaire. Ces derniers ont l'avantage de toucher et malheureusement de " fidéliser" un large public.